Le récitatif, un texte traduit

Les personnes qui découvrent les récitatifs demandent souvent : « Quelle traduction utilisez-vous ? La traduction liturgique, la Bible de Jérusalem, la TOB, (Traduction oecuménique de la Bible) ou une autre traduction ? »

En fait, chaque traduction a son génie et aussi son orientation propre.

À l’origine, la Bible a été écrite en hébreu pour la majorité des livres qui composent la Première Alliance – ou Ancien Testament – et en grec pour les livres de la Nouvelle Alliance – ou Nouveau Testament. La Bible a ensuite été traduite en de multiples langues et les traductions françaises sont nombreuses.

Au sein de l’association « Parole et Geste », lorsque nous créons un récitatif, nous revenons au texte hébreu ou grec pour le traduire. Pourquoi ? Parce qu’aucune des traductions classiques proposées en langue française n’est faite pour faciliter l’apprentissage par cœur et ne prend en compte l’ensemble des éléments oraux du texte biblique. En effet, la plupart de ces textes bibliques, transmis oralement avant d’être mis par écrit, recèlent en eux-mêmes des éléments qui facilitent la mémorisation. Dans une traduction en vue d’un apprentissage oral, ces éléments que sont les répétitions et le jeu des « formules » sont valorisés.

Dans nos traductions, nous conservons les répétitions présentes dans le texte grec ou hébreu. De la même façon, nous maintenons en français les tournures sémitiques qui font apparaître les mots construits sur la même racine.

Traduire la Bible en fonction des structures de l’oralité, c’est aussi mettre en valeur le jeu infini des « formules ». Composée d’un groupe de mots, la formule est la structure de base de l’oralité. C’est autour d’elle que s’organise le texte et donc l’apprentissage oral. La formule repose sur la capacité humaine à respirer et à réciter. Elle est donc bâtie sur le souffle humain en même temps que sur une unité de sens.

Certaines formules se font refrain : ainsi dans le récit de la création « Et il y eut un soir et il y eut un matin….  » est une formule qui revient à chacun des six premiers jours.

Le jeu des formules permet de faire ressortir les similitudes et les parallélismes du texte, comme aussi ses oppositions ou l’absence même de parallélisme (qui devient significative).